mercoledì 1 aprile 2015

FRANCIA. POLITICHE DELL'EDUCAZIONE. M. PIQUEMAL, A quoi servent les indicateurs des lycées ?, LIBERATION, 1 aprile 2015

Depuis 22 ans, chaque année avec l’arrivée du printemps, le ministère de l’Education publie ses indicateurs des lycées (appelés IVAL dans le jargon et consultables ici). «L’idée n’est pas de faire un classement des établissements, bien au contraire, les indicateurs que nous publionsdonnent une lecture bien plus fine et plus juste de la réalité qu’un simple classement en fonction des taux de réussite au bac», insistent les services du ministère comme une ritournelle de saison, power point à l’appui.




Mais alors à quoi servent ces indicateurs, quand, par ailleurs, la ministre de l’Education nationale annonce qu’elle veut plus de mixité sociale dans les établissements scolaires, ce qui passe par une moins grande liberté de choix laissée aux familles? Dans ce contexte, pourquoi publier encore ces données ? Confrontation de trois points de vue.

 «CES INDICATEURS REFLÈTENT L’ÉTAT DE MIXITÉ SOCIALE DES ÉTABLISSEMENTS»

Catherine Moisan, directrice de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), au ministère de l’Education nationale.
«C’est un gros travail que nous menons. Il faut regarder dans le détail, prendre le temps de comprendre. Nos indicateurs permettent d’éviter de classer les lycées en fonction du simple taux de réussite au bac. Cette seule donnée, reprise souvent par la presse, ne veut rien dire. Plein d’autres facteurs ont un impact sur les résultats des élèves aux examens : l’origine sociale, le sexe, l’âge… Tout comme la structure de l’établissement fréquenté : le regroupement d’élèves de milieu favorisé aura forcément un impact positif sur les résultats au bac. Nous calculons donc le taux de résultat attendu pour un lycée, c’est-à-dire en le comparant à celui des lycées qui lui ressemblent sociologiquement.
«Nos indicateurs reflètent parfaitement l’état de mixité sociale des établissements en France même si ce n’est pas le premier objectif recherché. Ils pourraient d’ailleurs tout à fait être utilisés dans la phase de diagnostic sur l’état de la mixité sociale lancé par la ministre.» 

«CELA NE DIT RIEN DE LA QUALITÉ DE VIE AU SEIN D’UN LYCÉE»

Paul Raoult, président de la Fédération de parents d’élèves (FCPE)
«A quoi servent ces indicateurs ? A rien… Ou disons plutôt qu’ils ont un intérêt très limité qui se résume à deux ou trois jours, pendant lesquels parents, profs et élèves vont y jeter un oeil. Certes, le ministère utilise des critères moins caricaturaux que les seuls taux de réussite au bac. Mais les indicateurs retenus ne disent rien de la qualité de vie au sein d’un établissement ! Pourquoi ne pas regarder l’amplitude horaire des emplois du temps des élèves, la longueur de la pause méridienne, l’existence ou pas d’une maison des lycéens? Ou encore la place consacrée pour les activités culturelles ou associatives : le ministère ne prend pas en compte ces éléments-là, or ils changent le quotidien des élèves.
«Les indicateurs, tels que publiés aujourd’hui, n’ont donc d’intérêt que pour les équipes enseignantes, pour les aider à améliorer le service rendu à leurs usagers. Mais, sur le terrain, je n’ai même pas l’impression que les équipes pédagogiques s’en servent. Si c’était le cas, ces indicateurs seraient à l’ordre du jour dans les conseils d’administration des établissements (réunissant un collège d’enseignants, des personnels d’administratif, des représentants de parents…). De mon expérience, je peux vous dire qu’on en parle très rarement dans ces réunions.»

«POURQUOI NE PAS REGARDER LES ÉVOLUTIONS SUR LES VINGT DERNIÈRES ANNÉES?»

Philippe Tournier, secrétaire général du syndicat des chefs d’établissement (SNPDEN)
«Ces données ne servent pas à grand chose. La presse s’en saisit chaque année, mais c’est la seule… Ce que je veux dire par là, c’est qu’au sein de l’institution, on ne les utilise pas comme on pourrait. Le ministère publie ces indicateurs depuis plus de vingt ans : il est rare qu’on ait une suite aussi longue. Pourquoi ne pas regarder les évolutions sur le long terme ? A ma connaissance, le ministère ne le fait pas.
«Les données sont lâchées dans la nature, sans suivi. Que les résultats de leur établissement soient bons ou mauvais, les chefs d’établissement se retrouvent seuls face à ces données brutes… Alors qu’il pourrait être intéressant par exemple de travailler avec eux quand les résultats ne sont pas bons. Il y a un autre problème, mais là je dirai depuis toujours, c’est cette contradiction majeure dans le message envoyé par l’Education nationale. En publiant ces indicateurs, l’institution reconnaît que tous les établissements n’ont pas les mêmes performances toutes choses égales par ailleurs. Et dans le même temps, le ministère répète aux familles qu’elles n’ont pas à décider de l’établissement pour leur enfant afin de garantir une mixité sociale… Il faut choisir.»

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